Par : Ariel Lauzon, stagiaire en sexologie
Le 28 septembre, marque la Journée mondiale pour le droit à l’avortement, un droit fragile et un sujet encore délicat de nos jours. Mais pourquoi est-ce encore un sujet si sensible ?
Un peu d'histoire au Canada
En 1969, les avortements au Canada étaient autorisés, mais seulement selon des critères spécifiques tels qu’être effectué dans un hôpital, approuvés par un comité sur l’avortement et lorsque la grossesse présentait un danger pour la vie ou la santé de la femme (1).
Malgré la loi, Henry Morgentaler établit une clinique d’avortement à Montréal en 1973, affirmant avoir réussi plus de 5 000 avortements (2). Son intention était alors de démontrer les avantages de l’avortement en clinique.
L’avortement a été décriminalisé en 1988 par la Cour suprême, le considérant maintenant comme un soin de santé protégé par la Loi canadienne sur la santé, pouvant être effectué à tous les stades de grossesse (3).
Le retour d’un débat controversé
Le 24 juin dernier, après plus de 50 ans, la Cour suprême des États-Unis a pris la décision de révoquer Roe v. Wade, mettant fin au droit constitutionnel à l’avortement. Largement critiquée à travers le monde, puisque considéré comme un recul historique concernant la protection de la santé et du droit de la femme, cette loi a aussi servi de levier aux 13 états américains qui souhaitaient bannir ou interdire l’avortement (4).
En solidarité, depuis le 28 septembre 2021, plusieurs regroupements et manifestations ont lieu partout dans le monde afin que l’avortement soit reconnu comme un droit fondamental, qu’il soit gratuit et effectué dans des conditions sécuritaires. Au Québec et au Canada, le droit à l’avortement est-il fondamental et inébranlable, ou peut-il être discuté, voire menacé ? La situation survenue aux États-Unis a permis de faire ressurgir la conversation et a divisé la population sur cet enjeu. De plus, le Canada n’est pas en marge de ce débat. Par exemple, en 2008, il a tenté de mettre en place un projet de Loi sur les enfants non encore nés victimes d’actes criminels, mais celui-ci a été rejeté (5).
Comme illustré par la Fédération du Québec pour le planning des naissances, une femme sur trois aura recours à l’avortement au cours de sa vie (6). Les femmes ayant recours à des pratiques d’avortement optent pour ce choix, non seulement pour des raisons de grossesses imprévues, mais parfois aussi lorsque leurs vies sont en danger ou lorsqu’il s’agit d’une grossesse planifiée. Même si au Canada, où l’avortement est un droit, plusieurs mouvements militent afin de faire valoir l’avortement comme étant un droit de santé non seulement pour les femmes, mais aussi pour les personnes trans et non binaires, favorisant un contrôle et une autonomie sur leurs corps. Nous pouvons donc constater que peu importe nos opinions et nos convictions morales et spirituelles, la décision de poursuivre ou non une grossesse demeure un sujet controversé, voire un débat politique et légal, où l’accès y varie partout dans le monde.
En regard de tout ce qui se passe actuellement, comme société, que pouvons-nous faire pour protéger ce droit dont le Canada s’est doté il y a plusieurs années afin que chaque personne puisse faire son propre choix ?
« Un vrai choix n’est possible que si les options sont réellement accessibles à toutes les femmes » (7).
Des pistes pédagogiques
Pour ceux et celles qui voudraient aborder ce contenu en classe et ouvrir la conversation sur ce sujet, plusieurs ressources sont disponibles pour vous. En voici quelques-unes d'entre elles :
Lorsqu’il s’agit de discuter de ce type de sujet, l’angle de la pensée critique peut être favorable à l’apprentissage, sans compter que cela permet d’analyser la situation selon différents repères. À cet effet, le RÉCIT DP a créé un dossier thématique sur la pensée critique, afin d’offrir de l’information sur sa mise en application et son utilité chez les jeunes. Ceci peut être favorable surtout lorsqu’il s’agit d’aborder des sujets pouvant être difficiles et controversés, tel que celui de l'avortement.
Lorsqu’il s’agit d’aborder l’avortement, il peut être aussi pertinent de faire un retour sur son historique ainsi qu’au niveau de son évolution législative. Le RÉCIT propose une activité intitulée Légitime défense, qui permet de renforcer la réflexion et les différentes manières d’aborder le sujet de la justice.
Sur le site de Radio-Canada, on aborde le sujet de l’avortement aux États-Unis. L’utilisation d’une vidéo explicative et l’accompagnement d’un lexique sur les terminologies en lien avec l’avortement se voient adaptés pour les jeunes. Cette ressource multimodale permet de renforcer ces connaissances sur les différentes terminologies
Sur leur page Facebook, Éducation à la sexualité, je veux le savoir a proposé quelques pistes pour aborder l'avortement en contexte d'éducation et a cité un guide rédigé par la Fédération internationale pour la planification familiale. Ce dernier contient des informations pertinentes, pouvant être grandement favorables pour ceux et celles voulant aborder ce contenu en contexte éducatif. Visitez leur site Web afin d’avoir accès à plus d'informations.
Bonne découverte !
Bibliographie
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